1. Les soins de santé mentale

La société dans laquelle nous vivons est un écosystème complexe et marqué par une forte diversifié, composé d’individus provenant d’horizons et de cultures variées, chacun avec une expérience de vie qui lui est propre. Cette diversité croissante s’accompagne de défis majeurs. Il est impératif que chaque personne en demande de soins de santé mentale bénéficie des soins les plus ajustés à sa demande, et cela sans distinction d’origine ethnique, de genre, d’orientation sexuelle, de croyances religieuses ou de statut socio-économique. Non seulement ces soins doivent être de proximité, mais encore est-il essentiel que l’aide fournie intègre à la fois les réalités propres à l’environnement de chaque personne et la diversité d’ensemble. À ce jour, les solutions font encore défaut pour résoudre cette équation.

Les défis que posent à nos sociétés cette diversité et cette complexité croissantes engendrent également une hausse de la demande en soins de santé mentale. Il suffit de penser à la crise de l’accueil des réfugiés, à la problématique identitaire traversée par certaines jeunes, aux exigences et aux attentes accrues qui pèsent sur les individus : quel que soit l’âge, cette pression entraîne dans son sillage toujours plus de surcharge mentale, de burn-out, de troubles anxieux, de désordres alimentaires , etc.

Les défis auxquels les individus et la société doivent faire face exigent de porter la plus grande attention au renforcement de la qualité des soins de santé mentale.

Enfin, la santé mentale n’est plus aussi tabou qu’hier : les problèmes psychiques font l’objet de discussions de plus en plus ouvertes. Et plus l’importance du bien-être psychique est reconnue, plus la demande d’aide en la matière augmente. Si cette évolution doit sans conteste être saluée, il n’en reste pas moins que des moyens supplémentaires doivent être mis en œuvre pour répondre à cette demande. Or, c’est là que le bât blesse.

Ce constat est d’ailleurs partagé par le monde politique, ainsi qu’en témoigne l’opinion exprimée ci- dessous par le ministre fédéral des Affaires sociales et de la Santé publique :

« Nous ne pouvons pas considérer les questions de santé sans considérer dans le même temps l’environnement au sein duquel les gens vivent et travaillent. Les facteurs sociaux sont en effet déterminants en matière de santé… Investir dans l’inclusion sociale, les soins de santé à domicile et les actions en faveur des groupes de population les plus vulnérables sont des stratégies plus efficaces en termes d’impact et de portée que des soins individuels apportés à un stade déjà avancé de la maladie… Ce changement de perspective implique que nous identifions où et comment cibler nos efforts en matière de soins et que ceux-ci soient aussi adaptés que possible à l’environnement des patients, par exemple à la réalité de leur quartier. Cette approche exige une connaissance approfondie des groupes de populations, non seulement des problèmes de santé qui sont les leurs, mais aussi des conditions essentielles à leur bien-être. »

Extrait d’un discours de Frank Vandenbroucke, prononcé à l’occasion de la Journée d’étude des

Mutualités chrétiennes du 23 avril 2023

Au cours de la précédente législation, une étape significative a été franchie avec l’adoption de la Loi relative à l’exercice des professions de soins de la santé (LEPSS). Cette loi forme le cadre dans lequel les psychothérapeutes sont autorisés à exercer leur pratique. Bien qu’il s’agisse là d’une étape décisive, il reste de nombreux défis à relever pour le secteur, en particulier eu égard aux psychothérapeutes qui ne bénéficient pas d’un statut à part entière aux termes de cette législation.

Durant la législation en cours, les autorités politiques ont investi dans la mise en place de réseaux chargés d’organiser des parcours de soins intégrés. Ce dispositif doit permettre aux prestataires de soins d’être davantage présent sur le terrain et d’aller cà la rencontre des groupes de population vulnérables et de leurs besoins. Cette approche intégrée présente également l’avantage de favoriser l’interdisciplinarité et l’entraide et doit à ce titre être reconnue comme une évolution positive.

Compte tenu du contexte exposé ci-dessus, les recommandations de la Fédération belge des psychothérapeutes se déclinent en trois volets :

  1. Favoriser l’accès aux soins de santé mentale pour tous dans une société plurielle
  2. Maintenir un haut niveau de qualité au sein d’un système pluridisciplinaire
  3. Réduire les délais d’attente afin d’offrir des soins adaptés aux besoins